Crise anglophone : l’armée grippée à Mbanga

De toutes les attaques que vient de subir cette ville située à un peu plus de 70 km de Douala, les forces de défense camerounaise n’ont pu mettre la main, sur aucun gang de ces brigands, qui sèment la terreur ça et là. Du coup, c’est la panique générale, chez les populations qui réclament, non pas un détachement militaire très peu étoffé, pour ne pas dire insignifiant comme c’est le cas à présent, mais la création imminente d’un camp militaire sur place. Car l’heure est grave !

De l’égratignure à la gangrène, ainsi peut-on peut qualifier, l’état actuel de l’insécurité qui prévaut dans la ville de Mbanga.  C’est qu’à mesure que le temps passe, la crise s’enlise et les effets pervers se font durement ressentir ici.

C’est désormais la peur au ventre, que vivent les populations de cet arrondissement du département moungo, limitrophe au sud-ouest du pays par muyuka.  Une peur qui à connu son pic, avec une série de kidnappings ces dernières semaines. Le dernier en date, celui du 16 avril 2019.Quatre personnes enlevées, dont trois femmes et un homme. Tous, des cultivateurs dans cette zone dénommée « black-bush » à proximité du fleuve moungo. Une zone classée à haut risque. Car ces malfaiteurs y ont créé leur fief.

Un kidnapping et demande de rançon de trop qui intervenait moins de deux semaines seulement après un autre enlèvement de cinq personnes et une mort à la clé dans la même zone. Un exploitant agricole assassiné sous le regard impuissant de ses quatre employés.

Il s’agissait en effet, d’un commerçant connu sous le sobriquet JP, qui surfait avec l’agriculture comme activité secondaire. Il avait alors été tué samedi 04 avril, par des prétendus « ambasoniens » dans une plantation située dans les encablures du fleuve moungo, à une dizaine de kilomètres de la gare ferroviaire de mbanga. Depuis lors, c’est la panique chez les agriculteurs et autres cultivateurs, qui ont désertés la route des champs, de peur pour leur vie. Et c’est bonjour les dégâts, dans les plantations de cacaos et autres cultures de rente.

Les dégâts collatéraux

De yokè à mundeck, de ndoh à kombé, de pendaboko à mundemba, de lènguè à kwansi (des petits villages où sont basés le grand nombre de plantations), la plupart des planteurs, principale cible des kidnappeurs, ont pris des congés forcés avec leurs champs par peur d’être enlevés par ces bandits qui y ont fait leur nid.

Une situation aux dégâts colossaux. Car les cacaoculteurs font face en ce moment aux pourritures des cabosses de cacao faute de traitements phytosanitaires. Des signes qui présagent une récolte désastreuse, en cette saison cacaoyère 2019, si rien n’est fait pour mettre en déroute, ces bandits de grand chemin, soit disant sécessionnistes. Autres conséquences, le poids des dettes contractées par les cacaoculteurs auprès des « cocsseurs » (acheteurs de cacao dans le circuit informel) afin de préparer leurs champs.

Et ça n’est pas tout, même les cultivatrices de manioc, de maïs, de macabo, de plantain, la liste est longues sont toutes apeurées. Presque personne n’a le courage, de se rendre dans les champs, à moins que celui-ci soit proche de la maison. Bref, seules les plus téméraires, contraintes par les besoins vitaux du quotidien, tentent encore de jouer avec le feu.

Une terreur qui intervient, alors que la saison de semence de maïs, d’arachides, de manioc, de pistache est là. Hélas, les femmes de Mbanga ont quasiment manqué le coche à cause de l’horreur des kidnappings, demandes de rançon et tueries. La preuve que les mois qui arrivent, s’annoncent très difficile, pour les populations de cette ville agricole.

Une ville agricole, prise en otage, par des bandes armées non-identifiées et encore moins inquiétées. La police et la gendarmerie étant impuissantes et sous équipées, pour répondre efficacement, à ces hors la loi qui ont fait du kidnapping et de la demande de rançon leur fonds de commerce. Ainsi va donc la vie, dans cette ville, où des malandrins et assassins tissent progressivement sous la barbe des autorités locales et du gouvernement, leur « kahlifat ».

Un envenimement, qui va à coup sûr, endeuiller encore plus de familles, si des mesures urgentes, appropriées et musclées ne sont pas prises. L’une d’elles et la plus imminente étant le retour d’un camp militaire à Mbanga. Plus de 30 ans après son délogement. Et oui ! L’heure est grave et c’est la panique générale. A Mbanga, quand « les ambas boys » dégainent, la vie elle se gangrène.

Elthon DJEUTCHA