Braconnage et Ragoût de pangolin: le soupé de fin !

Pour aider dans la lutte contre le braconnage des pangolins, 116 tenanciers de restaurants à Douala et Yaoundé, viennent de prendre l’engagement, de supprimer la viande de pangolin de leur menu.

Ragoût de pangolin, le soupé de fin ! Ainsi, peut-on qualifier, l’engagement que viennent de prendre, 116 propriétaires de restaurants, dans les villes de Douala et Yaoundé.

Lancée par l’Ong Wildaid au mois de juin 2024 dans les villes de Yaoundé et Douala, la campagne « Pas de pangolin dans mon assiette » a déjà été adoptée par 116 restaurateurs  dans ces deux métropoles camerounaises.

En première ligne dans la lutte pour les pangolins  depuis près de 10 ans, l’ONG Wildaid, nous renseigne que depuis le début de la campagne, les militants ont visité 190 restaurants servant de la viande de brousse et des plats traditionnels camerounais. Et parmi les 68 qui servaient de la viande de pangolin, 25 d’entre eux ont rejoint la campagne (soit 37% du total), et se sont engagés à ne plus servir de viande de pangolin.

propriétaire d’un restaurant avec des affiches de la campagne « pas de pangolin dans mon assiette »

Pour Jennifer Bifot, représentante de Wildaid en Afrique francophone, « l’un des objectifs de notre programme est de transformer la relation des Cameroun avec les pangolins et d’autres espèces, en les reliant à la nécessité plus large de protéger les forêts du pays et les animaux qui y vivent », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter, « si nous parvenons à convaincre les citadins camerounais à ne plus considérer les pangolins comme une source de nourriture mais plutôt comme un symbole de la riche faune et des forêts du pays, nous pourrons contribuer de manière significative à sauver les pangolins de l’extinction en Afrique ».

En 2016, les huit espèces de pangolins que compte le monde, ont obtenu une protection totale contre le commerce international en vertu de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

En 2017, le Cameroun a suivi, en renforçant la protection des trois espèces de pangolins présentes dans le pays (le pangolin à ventre blanc, le pangolin à ventre noir et le pangolin géant) pour les placer sous la protection de catégorie A. Une protection appuyée par la loi  de juillet 2024 sur le braconnage. Une loi qui entraîne des peines d’emprisonnement allant de 15 à 20 ans, ou des amendes variant entre 20 et 50 millions de francs CFA, pour quiconque capture, tue, détient et commercialise le pangolin.

Pour Elias Georges Messina, chef de l’unité des affaires juridiques du ministère des Forêts et de la Faune, « cela symbolise l’engagement du Cameroun à préserver les espèces emblématiques au bénéfice de la biodiversité et des générations futures ».

Pourquoi le pangolin est-il tant convoité ?

Selon The Last Great Ape Organisation  (LAGA) , « La forte demande d’écailles et de viande en Asie pour la médecine traditionnelle et la gastronomie, et la demande de peaux en Amérique pour la fabrication de produits en cuir tels que les bottes, les sacs et les ceintures, ont entraîné un déclin considérable de leurs populations ».

D’après la LAGA, environ 1 926 pangolins, ont été abattus, entre 2022 et 2023 au Cameroun. Aussi, près de 1 271 kg d’écailles de pangolins ont également été saisis dans la même période.

de gauche à droite l’artiste Krys M, Jennifer Biffot représentante de wildaid pour l’Afrique francophone et l’artiste Mimie lors de la conférence de presse de la campagne » pas de pangolin dans mon assiette »

 Après les artistes LOCKO et Stanley Enow, les footballeurs Rigobert Song, Roger Milla et Patrick Mboma, ainsi que de nombreux chefs traditionnels, choisis en 2022, comme ambassadeurs de la campagne, « Dites non à la viande de pangolin » au Cameroun,  les artistes musiciennes, Mimie et Krys M, ont été désignées le 17 septembre 2024 à Yaoundé, ambassadrices de la campagne, « Pas de pangolin dans mon assiette ». Pour l’ONG WILDAID, il s’agira pour Mimie et Krys M, de faire retentir grâce à leur voix, le message de la lutte contre la chasse et le trafic des pangolins. Et ce sera là, leur grain de sel vocal, dans cette lutte, pour la préservation de la biodiversité.

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Elthon Djeutcha