« LA PRIME DE RECHERCHE ET DE TECHNICITÉ, N’EST PAS DE L’ARGENT POUR JOUER LA VIE »

Niché au sous-sol du bâtiment annexe numéro 2 du ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, c’est dans son bureau aux allures de laboratoire que nous allons à la rencontre du professeur Eddy Léonard Ngonkeu, Conseiller Technique numéro 2, de la ministre Madeleine TCHUINTE. Avec cet enseignant chercheur à l’Université de Yaoundé 1, par ailleurs chercheur à l’IRAD, nous venons avoir un éclairage sur les primes de recherche et de technicité. En clair, nous venons savoir, ce à quoi cet argent doit servir et dans la foulée, comprendre la nuance entre prime de recherche et de technicité.

PROFESSEUR EDDY LÉONARD NGONKEU BONJOUR ! C’EST QUOI LA PRIME DE RECHERCHE ?

« On entend par recherche, tous les processus de conception, de diagnostic et de mise en place d’une idée, à l’effet de répondre à une préoccupation sociale. C’est là le point de départ de la recherche. Et une fois que vous avez conçu le diagnostic, vous devez par la suite former des étudiants, mettre en place une équipe de travail, monter des protocoles de recherche. C’est dire, ressortir des hypothèses et des objectifs. Bref, écrire un concept note ou note conceptuelle, pour résoudre un problème spécifique qu’on a détecté et qui est une contrainte soit de production ou de développement », confie ce spécialiste en agriculture biologique.

 Toujours selon lui, la recherche consiste aussi à former des étudiants à avoir leurs diplômes ( Master, Doctorat…) et autres compétences.

C,EST QUOI LA PRIME DE TECHNICITÉ ?

« La technicité, permet de réaliser l’idée, c’est-à-dire, entrer au laboratoire et mener les études de recherche à proprement parler. Autrement dit, aller au champs faire des essais, travailler avec les producteurs pour ce qui est de la recherche agricole par exemple. Passer tout le temps au laboratoire, 24h/24 , 7j/7 pour d’autres. C’est en effet la réalisation de l’idée de conception. Et dans cette technicité il faut arriver à trouver des données qu’on appelle les résultats qui seont publiés. Comme quoi,  quelqu’un ne saurait avoir des primes de recherche et de technicité sans publier des résultats, sans développer des brevets.

À QUELLES FINS LES CHERCHEURS DOIVENT-ILS FAIRE USAGE DE CET ARGENT ?

 Il faut préciser que, par le passé, on n’examinait pas les chercheurs sur les brevets, parce qu’ils disaient qu’ils n’avaient pas des moyens pour développer les brevets et booster le tissu économique.

L’État vient donc d’instruire le déblocage des moyens pour aider les chercheurs à développer des brevets. Disons-le, le Cameroun n’est pas nanti en terme de brevets sur la recherche et le développement. Le niveau est faible. À partir du moment où nous avons eu ce décret présidentiel du 29 octobre 2024 fixant  les modalités de paiement de primes allouées au personnel chercheur des instituts de recherche publics,  les chercheurs pourront désormais se déployer sur le terrain, payer leur note d’hôtel lorsqu’ils sont hors de leur zone de résidence. L’achat des intrants pour des analyses en laboratoire, voilà ce à quoi doivent servir ces primes », souligne le conseiller technique numéro 2 au MINRESI.

LES PRIMES EN QUESTION

Les primes de recherche et de technicité seront allouées mensuellement selon les grades.

PRIMES DE RECHERCHE :

• 140 mille francs pour les Directeurs de recherche
• 130 mille francs pour les maîtres de recherche
• 110 mille francs pour les chargés de recherche
• 90 mille francs pour les attachés de recherche

PRIMES DE TECHNICITÉ :

• 50 mille pour les Directeurs de recherche
• 40 mille francs pour les maîtres et chargés de recherche
• 30 mille francs pour les attachés de recherche

Pour conclure, cet enseignant chercheur à l’université de Yaoundé 1, précise que la prime de recherche et de technicité, « n’est pas de l’argent pour jouer la vie ». Parce qu’au bout du compte, Tout chercheur serait appelé à fournir les résultats de ses recherches, notamment, des publications, des brevets et surtout des certificats d’obtention végétale, si nous sommes dans le cadre de l’agriculture.

« Et sachez-le, le Chef de l’État est très conscient de cela. Donc, si vous n’avez pas fait tout ça, alors on peut aisément parler d’un détournement de deniers publics », tient à rappeler le professeur Eddy Léonard Ngonkeu ».

Propos recueillis par Elthon Djeutcha