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Lutte contre le braconnage : la cuisine alternative s’enracine au Nord du Cameroun

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Sous ces grands arbres de la cour du Musée national de Yaoundé qui accueille une mini-foire, fruit de la coopération germano-camerounaise, une série de grandes marmites disposées à la file, trônent sur des fours améliorés. Habiba, Amina et Yasmine venues des régions septentrionales du Cameroun, concoctent des mets traditionnels. Des bouillons et ragoûts de viande aux odeurs appétissantes. Ces plats constituent le large menu de la cuisine alternative au braconnage, que la GIZ implémente dans cette contrée.

CUISINE ALTERNATIVE AU BRACONNAGE

Dans le cadre de la protection de la faune et de la biodiversité dans le Nord du Cameroun, notamment autour du parc national de Bouba Ndjidda, la GIZ a mis en place un programme baptisé : « GIZ Yamoussa BSB ». Il permet d’étudier avec des femmes de la zone du Mayo Rey, des astuces permettant de redéfinir le cadre de la cuisine traditionnelle. Objectif : limiter la pression sur la faune déjà en péril. « On essaye en effet de les éduquer à cuisiner leurs plats traditionnels, mais avec de la viande de l’élevage; c’est-à dire, du bœuf, du mouton et de la chèvre. De la viande assaisonnée aux épices locales au goût très prononcé, qui rappelle le gibier », explique Thomas Gourlemond, coordonnateur du programme cuisine alternative au braconnage.

 

« On garde les mêmes plats traditionnels, on les adapte légèrement, puisqu’au niveau gustatif, il faudrait que ça ait du goût. Surtout que la viande de brousse a beaucoup de saveur, et du coup très appréciée par beaucoup de gens. Donc, nous avons dû réfléchir à revisiter les recettes avec des épices et condiments, de manière à rapporter un peu de goût, à la viande d’élevage qui est un peu plus fade, en termes de dégustation », renchérit Thomas Gourlemond.

 

Pour ce chef cuisinier et restaurateur à Garoua, cette cuisine alternative au braconnage permet ainsi d’encourager les femmes à cuisiner des plats traditionnels, au goût de viande de brousse avec pour but ultime : détourner les hommes de la chasse. Une initiative de la GIZ qui semble porter ses fruits. « Nous voyons déjà beaucoup de femmes dans cette zone du Mayo-Rey qui ont participé à des ateliers avec nous, commencer aussi à vulgariser cette information. On espère que d’ici les 5 ans à venir, on va avoir un bon résultat qui contribuera à la limitation du braconnage », ambitionne Thomas.

POURQUOI CIBLER LA FEMME ET NON LES HOMMES

« Les hommes chassent mais ce sont les femmes qui cuisinent. Donc ce sont les femmes qui demandent souvent de la viande. Si la femme demande d’aller chercher du bœuf ou du poulet, l’homme en ramenant une antilope, ça ne marchera pas bien. La femme ne sera pas contente. C’est pourquoi, on a voulu aller directement à la source », confie Thomas.

« Aujourd’hui grâce à la cuisine alternative au braconnage, nous avons diminué notre consommation en viande de brousse. Et mes enfants m’aident progressivement à convaincre leur papa, jadis très friand de gibier », témoigne Habiba.

On se souvient qu’en 2012, le parc national de Bouba Ndjidda a été le théâtre du massacre d’environ 400 éléphants, selon le Fonds mondial pour la nature, WWF.

Elthon Djeutcha

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